Le FLNKS devant la 4ème Commission de la décolonisation à l’ONU

Illustration ONU

Intervention de Daniel Goa, représentant du FLNKS

Quatrième Commission chargée

des Politiques spéciales et de décolonisation

69ème Session de l’Assemblée Générale des Nations Unies

8 octobre 2014

Monsieur Le Président,

Mesdames et Messieurs les membres de la quatrième commission,

Mesdames et Messieurs.

 

En premier lieu, Monsieur le Président, permettez-moi, de vous féliciter pour votre élection. Au nom du FLNKS, j’exprime toute la reconnaissance du Peuple kanak pour l’intérêt soutenu que continue d’accorder l’Organisation des Nations Unies à notre combat pour la reconnaissance de notre droit inné et actif à l’auto-détermination.

A cet égard, permettez-moi de saluer le soutien indéfectible du Groupe Fer de Lance Mélanésien et du Mouvement des Non Alignés au FLNKS dans son combat pour l’indépendance de la Kanaky-Nouvelle-Calédonie. Je saisis l’opportunité pour saluer le travail réalisé par le Comité Spécial de Décolonisation.

 

Monsieur Le Président,

 

Le 24 septembre 2014, nous célébrions le 30ème anniversaire du FLNKS. 30 ans de lutte qui marquent les traces indélébiles de la marche tâtonnante mais irréversible de notre Peuple vers son indépendance. 30 ans d’engagements pour une société plus juste et solidaire où le Peuple kanak doit retrouver sa dignité de peuple légitime sur cette terre du Pacifique.

Ainsi, l’Accord de Nouméa signé en 1998 par le FLNKS, l’Etat Français et la droite coloniale doit permettre de préparer l’accession du Pays kanak à un statut de pleine souveraineté internationale.

Dans ce cadre, les indépendantistes ont démontré à plusieurs niveaux leurs capacités à mettre en œuvre des politiques publiques visant à inscrire le pays dans un développement durable basé sur ses ressources naturelles et humaines.

 

Monsieur Le Président,

 

La dernière mandature de l’Accord de Nouméa a débuté depuis le 11 mai 2014. Cette étape devra confirmer les bases d’une Nation Démocratique et Progressiste conforme aux dispositions de la Charte des Nations Unies.

En effet, l’évolution institutionnelle sera fonction de la consultation irréversible de 2018 et le processus de décolonisation et d’émancipation devra être mené jusqu’à son terme afin de permettre au Peuple kanak d’exercer son droit à l’autodétermination.

Néanmoins, des dispositions fondamentales de l’Accord de Nouméa ne sont pas respectées dues en partie à la politique de la puissance de tutelle relayée localement par les non-indépendantistes sous couvert de la démocratie et du droit.

 

Monsieur Le Président,

 

Le problème scandaleux des listes électorales est une réalité qui favorise les desseins de l’Etat Français. Le FLNKS n’a cessé ces dernières années d’interpeller la communauté internationale sur cette fraude électorale qui accompagne une politique d’immigration massive dans le but de poursuivre la marginalisation du Peuple kanak.

Par ailleurs, le pillage des ressources naturelles se poursuit au nom des intérêts de la France. Un industriel étranger continue de produire librement malgré le déversement, en mai 2014, de plus de 96 000 litres de solution d’acide dans une zone tampon inscrite au Patrimoine Mondial de l’Humanité.

En outre, l’absence d’anticipation de formations dans les compétences transférées et à transférer est une énième preuve tangible d’une volonté affichée de maintenir la Kanaky-Nouvelle-Calédonie sous tutelle Française.

De plus, l’exercice par la France des compétences de pleine souveraineté dans notre pays mérite également une attention particulière de la communauté internationale.

A ce titre, l’Etat Français vient d’être condamné pour les conditions de détentions de syndicalistes indépendantistes de même que des autorités coutumières n’ont cessé ces dernières semaines de dénoncer les méthodes d’investigation opérées sur terre coutumière.

 

Monsieur Le Président,

 

Compte tenu de mes propos, j’ai l’honneur de solliciter l’assistance des Nations Unies à travers une médiation avec la puissance de tutelle afin de poursuivre la mise en œuvre de la résolution 65/119 relative à la troisième décennie internationale pour l’élimination du colonialisme d’une part et de réussir la sortie de l’Accord de Nouméa d’autre part.

 

Je vous remercie.

Session de la Quatrième Commission

de l’Assemblée générale des Nations Unies

New York 8 Octobre 2014

Déclaration de M. Roch Wamytan

Président du Groupe UC-FLNKS et Nationalistes

au Congrès de la Nouvelle-Calédonie

Signataire FLNKS de l’Accord de Nouméa

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les membres de la Quatrième Commission,

 

Permettez-moi tout d’abord de vous féliciter M. le président (M. Durga Prasad Bhattarai du Nepal) pour votre élection à la présidence de cette 4ème commission. Je voudrais aussi vous remercier de l’occasion qui m’est donnée de m’exprimer en tant que chef du Groupe UC-FLNKS et Nationalistes au Congrès de la Nouvelle-Calédonie, notre assemblée législative et en tant que signataire FLNKS de l’Accord de Nouméa.

 

Monsieur le Président,

 

Le 24 septembre 2014, le Peuple kanak célébrait les 30 ans de la création de son mouvement de libération nationale, le FLNKS : Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste. Cette grande célébration ouvre toute une série de commémorations des faits marquants de l’histoire de la lutte du Peuple kanak au cours des années 1984 dont le boycott actif des élections du 18 novembre 1984.

Il est d’actualité de revenir ici sur les raisons qui ont poussé le FLNKS à boycotter ces élections du 18 novembre 1984 afin de faire échec à un statut concocté par le gouvernement français et porté par le ministre socialiste des territoires d’outre-mer de l’époque, M. Georges Lemoine.

Ces raisons étaient le constat et le refus par le Peuple kanak de la politique de ligne rouge de l’indépendance interdite que la France applique en Nouvelle-Calédonie, notamment au travers du droit de vote et de la définition du corps électoral, depuis l’entrée des Kanak dans la sphère institutionnelle au lendemain de la seconde guerre mondial. Ainsi ce jour du 18 novembre 1984, avait été marqué par le geste d’Eloi Machoro, secrétaire général de l’Union Calédonienne et ministre de l’intérieur du gouvernement provisoire de Kanaky qui brisa une urne d’un coup de hache dans sa mairie de Canala. Ce geste, immortalisé par une photo qui avait fait le tour du monde, était hautement symbolique car il exprimait un total désaccord et un refus absolu d’un corps électoral au sein duquel le Peuple kanak, peuple autochtone et colonisé, était rendu minoritaire dans son propre pays, noyé par des vagues successives de peuplement, qui s’étaient amplifiées par volonté politique des gouvernements français successifs à partir des années 50. Eloi Machoro paya son geste de sa vie puisqu’il fût assassiné le 12 janvier 1985 par les forces de l’ordre françaises.

Son seul tort était cet idéal qu’il portait et qu’il exprimait dans une interview donné quelques jours avant son assassinat. Il s’agit d’un idéal d’hospitalité mélanésienne, de partage du pays, de construction d’un devenir commun, mais à la condition que les autres reconnaissent les droits légitimes du peuple colonisé dont celui d’avoir son propre pays différent de celui de la puissance administrante. C’est cet idéal qui anime les indépendantistes, un idéal que chacun tente de concrétiser par le dialogue et la concertation permanente avec toutes les parties concernées.

Or que constatons-nous 30 ans après ce 18 novembre 1984 ? Une puissance de tutelle qui, quels que soient ses dirigeants, de droite comme de gauche, prétend être « neutre », « équidistante », « arbitre » alors que sa politique est toujours et encore celle de la ligne rouge de l’indépendance interdite. Politique mise en œuvre grâce à des stratégies et tactiques classiques dans le cadre des colonisations : assassinats des leaders indépendantistes ou leur élimination politique, manipulation diverses et plus particulièrement pour la Nouvelle-Calédonie, mise en place d’un processus de colonie de peuplement déclarée par la France comme « réussie », dans le sens où le but a été atteint en 60 ans de rendre le Peuple kanak minoritaire dans son propre pays.

 

Monsieur le président,

 

Depuis le Comité des signataires de 2007 à Paris, et durant 7 années nous avons soulevé ce problème des listes électorales, mais face au silence ou aux insuffisances de l’Etat français nous sommes venus devant les Nations Unies à cinq reprises en un an réclamer à chaque fois le strict respect de l’Accord de Nouméa concernant l’établissement des listes du corps électoral spécial provincial et celui du référendum d’autodétermination de façon à éviter les nombreuses ambiguïtés entretenues, sources de fraudes constatées. La réunion du dernier Comité des signataires à Paris du 3 octobre dernier a décidé de reporter encore le problème. Nous sommes désormais dans une impasse. Le temps est donc venu M. le président à cinq ans de la fin de la troisième décennie pour l’éradication du colonialisme et à quatre ans de la consultation référendaire prévu par l’Accord de Nouméa, de solliciter des Nations Unies et notamment du comité des 24, une médiation officielle avec la France afin que le référendum d’autodétermination prévu en 2018 se passe dans des conditions optimales de transparence et de sincérité et que personne ne puisse contester les résultats du scrutin. Cette médiation pourrait le cas échéant débuter dans les trois mois si rien n’est entrepris par la puissance administrante pour régler ce problème du corps électoral qui dans toutes les luttes de décolonisation constitue la mère des batailles. Ce que nous vous demandons nous allons le dire au gouvernement français qui a prévu de recevoir notre délégation à Paris ce vendredi 11 octobre dans la matinée.

 

Je conclus M. le président en renouvelant ma confiance aux Nations Unies dans cette lourde charge historique qui lui revient d’éradiquer le colonialisme, au cours de cette troisième décade 2010-2020. Et je remercie de même le comité des 24 et son président ainsi que les pays du Fer de Lance Mélanésien, du Forum du Pacifique ainsi que le mouvement des pays non-alignés pour le soutien permanent donné au processus d’émancipation et de décolonisation de la Nouvelle-Calédonie.


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