Comité directeur à Houaïlou : l’UC n’ira pas au Comité des Signataires

 

27 septembre 2014. Salle Paul Nedja de Houaïlou, l’Union Calédonienne organisait son dernier Comité directeur de l’année. Traditionnellement, ce comité est celui qui prépare le congrès du mouvement de novembre. C’est le moment où la représentativité des comités locaux est fixée, chacun faisant enregistrer la liste de ses militants et déposant leurs cotisations, une étape qui permet d’établir le « poids » de chaque comité local pour l’élection du bureau de l’UC en fin d’année.

 

Une fois la présentation du rapport d’activité du mouvement et la transmission par le bureau d’informations sur l’actualité politique, le débat s’est orienté vers le gros point de l’ordre du jour, à savoir la participation ou pas de l’Union Calédonienne au XIIème Comité des signataires. Les débats permirent aux délégués de faire le tour de la question pendant plus de trois heures et parvenir à une position soutenue par l’ensemble des comités locaux : l’Union Calédonienne décline l’invitation à participer au Comité des signataires et une délégation de responsable de l’Union Calédonienne se rendra à l’ONU pour assister aux débats sur le rapport concernant la Nouvelle-Calédonie.

 

Toutes les hypothèses ont été discutées mais une évidence a fini par s’imposer : 15 ans après la signature de l’Accord de Nouméa, la question du corps électoral n’est toujours pas réglée.

 

Faut-il rappeler que les boycotts des années 1980 ont été motivés par des élections qui confortaient le « fait majoritaire » qui maintient les Kanaks minoritaires dans leur propre pays. La politique de la France est historiquement reconnue comme le prouve la directive de 1972 du Premier Ministre Pierre Messmer : « il faut encourager l’immigration pour bloquer les velléités nationalistes des Kanaks ». Une politique contre laquelle les Kanaks se sont révoltés et il a fallu que les Accords de Matignon-Oudinot, puis de Nouméa, reviennent sur la composition du corps électoral pour que le FLNKS accepte de signer. Il fallu encore attendre la modification de la Constitution du 19 janvier 2007 pour qu’il soit définitivement établi que la corps électoral des provinciales est gelé.

 

On pouvait penser que cette problématique était réglée jusqu’au moment où il est apparu que les commissions administratives spéciales chargées d’analyser les demandes d’inscriptions sur la liste électorale des provinciales refusaient presque toujours les recours posés par les indépendantistes, validant par là même les demandes d’inscription des non-indépendantistes. Une façon de remettre en cause le corps électoral gelé en quelque sorte…

 

Cette situation provient de la composition des commissions qui comporte un électeur non-indépendantiste, un électeur indépendantiste, le maire de la commune, un juge et un représentant de l’Etat. Dans les faits, le représentant de l’Etat vote avec l’électeur non-indépendantiste et le maire bien sûr non-indépendantiste dans le Grand Nouméa, déboutant systématiquement les indépendantistes dans leurs demandes.

 

A chaque fois, lors des trois derniers Comités des signataires, les représentants indépendantistes ont interpellé l’Etat sur cette situation, une interpellation restée sans réponse à ce jour. Récemment, l’Union Calédonienne a envoyé un courrier dans le même sens à la ministre des Outremers, Mme Pau-Langevin. La réponse se fait encore attendre.

 

Il a fallu attendre la mission de MM Christnacht et Merle pour que ceux-ci admettent implicitement, mais oralement, le dysfonctionnement des commissions.

 

Face à cette situation, l’Union Calédonienne a demandé à l’Etat une clarification de sa position sur le corps électoral provincial et une feuille de route pour la dernière phase de mise en œuvre de l’Accord de Nouméa. Il n’y a, à ce jour, aucun retour écrit du gouvernement. L’Union Calédonienne estime donc que les conditions ne sont pas réunies pour sa participation au Comité des signataires du début octobre.

Le discours du Président Daniel Goa

Militantes, militants, bonjour.

C’est un plaisir et c’est surtout rassurant de constater votre présence nombreuse ce matin. C’est à mon sens le signe du bon dynamisme de nos structures.

 

L’Union Calédonienne salue les autorités coutumières de la grande région Ajie/Arho. Elle remercie le comité régional et bien sûr, le comité local de Wawiluu qui nous fait honneur en nous accueillant ici aujourd’hui.

 

Ce comité directeur est le dernier de l’année. Il va, comme à l’accoutumée, recueillir et comptabiliser les cotisations de nos structures pour permettre le partage des délégués au congrès et aux comités directeurs de l’année 2015.

 

Souvenez-vous, il y a un an, au comité directeur de Baco Koné, je vous ai demandé de choisir des candidats qui s’engagent dans le travail avec rigueur, discipline et conviction. Aujourd’hui, cette nécessité se précise avec encore plus d’acuité au regard des enjeux que nous ouvre cette dernière mandature de l’Accord de Nouméa. C’est pourquoi vos représentants doivent venir dire ce qu’ensemble vous avez fait. Si vous n’avez rien fait, ce n’est pas une honte mais ayez au moins l’honnêteté intellectuelle de ne pas venir dire tout et n’importe quoi.

 

Le mouvement n’a pas besoin de militants dont l’objectif est de conquérir un idéal qui, en tant que tel ne peut être atteint, parce qu’ils s’enferment dans un combat personnel au mépris de celui de l’intérêt général. Ceux qui utilisent le verbe pour exister doivent savoir que seule l’action donne du contenu au discours. Sans les acquis obtenus par l’action, tout discours est caduc, vide. C’est du "brassage d’air". Avec cette pratique on finit toujours par reprocher au monde entier ses propres échecs avant de venir élargir le cercle de ceux qui, à partir de leur salon feutré mènent des révolutions dans leur tête. Tout ceci pour expliquer que ce que nous allons entendre dans les rapports et interventions qui vont suivre se doivent d’être confrontés au terrain et aux actes pour obtenir crédit.

 

Ce comité directeur nous permettra de juger du niveau de mobilisation de nos structures à l’après élections. Pour rappel, au comité directeur de Baco l’année dernière, nous étions à 5 000 cotisants. Au comité directeur de Kowé Kara nous avions comptabilisé 23 000 électeurs. 40 000 cotisants, c’était le défi qu’on s’est lancé pour la sortie de l’accord de Nouméa à ce même comité directeur. C’est beaucoup et c’est peu parce que face à la division du monde indépendantiste orchestré par l’État dans le but de faire émerger la troisième voie, la "voie médiane" il nous faut du nombre pour se faire entendre. C’est beaucoup et c’est peu car, pour être à la hauteur de nos ambitions et gérer un pays indépendant, il nous faut progressivement substituer nos ramifications à celles du pouvoir en place aujourd’hui.

 

Au congrès extraordinaire de Canala, je vous ai dit que tous nos morts l’ont été pour l’indépendance de Kanaky et non pour une autonomie interne comme semblent nous y orienter les préparatifs de sortie de l’accord de Nouméa. Je vous ai en conséquence exhorté à être attentifs et vigilants car les signes visibles ne tarderaient pas à se manifester dès le début de cette mandature. Vous savez ce qu’il en a été (à la province Nord, à la composition du groupe au congrès, le déplacement à Paris de tous les responsables politiques locaux sauf l’UC, au gouvernement : la vice-présidence et le secteur mine et j’en passe...). Malgré cela, l’Union Calédonienne demeure incontournable dans le pays.

 

Nous allons donc, à la fin de notre journée de travail, acter l’ordre du jour de notre prochain congrès. Il est temps qu’au sortir de ce congrès, le mouvement prenne les choses en mains. Il est temps de rappeler au pays que tous nos militants sont tombés pour l’indépendance et qu’à ce titre nous ne devons pas brader la sortie de l’Accord de Nouméa. À cette fin, nous sortirons de notre congrès avec la mise en place d’un comité de rédaction dont le rôle consistera à rédiger le projet politique de l’Union Calédonienne. Notre groupe qui travaille sur la justice va préciser notre vision dans l’organisation nouvelle du pays indépendant.

 

Un des fondamentaux de l’Accord de Nouméa c’est bien le corps électoral. Parce que, pour qu’un Etat existe, il lui faut réunir trois conditions, c’est-à-dire, un territoire, un gouvernement et une population. Cette population est définie par le corps électoral citoyen. Et depuis 1998 l’union calédonienne est bien seule à se battre pour figer le corps électoral.

 

Les dernières rencontres avec l’état nous font dire que nous attendions les réponses, aujourd’hui nous attendons de voir... les actions et les résultats... Toujours est-il que s’il n’y a pas de population concernée, définie par le corps électoral citoyen qui pose les bases du corps électoral de sortie en 2018, nous partirons aux élections pour la première et dernière fois. Nous n’irons pas nous faire ridiculiser en 2020 et en 2022 pour deux raisons principales :

 

1) L’accord politique se termine au 31 décembre 2018. Le 1er janvier 2019, nous attendrons l’Etat Français pour, là, rentrer en bilatérale et reposer la problématique de Nainville-les-roches.

 

2) On ne demande pas aux indépendantistes s’ils veulent l’indépendance de leur pays. Cette question posée trois fois s’adresse aux victimes de l’histoire: Voulez-vous prendre le train quand il part ?.. Voilà tout l’enjeu de l’assemblée référendaire...

 

En attendant, chers militants, je vous souhaite de passer une bonne journée de travail que d’ores et déjà je sais fructueuse et déclare notre dernier comité directeur de l’année 2014 ouvert !!!

 


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