Beaucoup disent que l’indépendance kanak est raciste. Nous revendiquons l’indépendance kanak parce que nous revendiquons d’être ce que nous sommes !
Nous revendiquons notre droit à une part de soleil, comme n’importe quel peuple indépendant du monde.
Je dirais que le plus dur n’est peut-être pas de mourir ; le plus dur c’est de rester vivant et de se sentir étranger à son propre pays, de sentir que son pays meurt, de sentir qu’on est dans l’impuissance de relever le défi et de faire flotter à nouveau notre revendication de reconquête de la souveraineté de Kanaky.
Jean-Marie Tjibaou (1936 - 1989)
Un homme d'une grande
détermination politique
L’histoire de la Nouvelle-Calédonie sur les trente dernières années restera à jamais marquée par un nom, celui de Jean-Marie Tjibaou. Né en 1936 à Tiendanite, un petit village de la montagne à l’extrême Nord du Territoire, cet enfant du pays est resté toute sa vie durant attaché aux valeurs culturelles de sa terre, et résolu à arracher la liberté de son peuple. Son engagement politique est comparable à un sacerdoce, que de manière précoce, il choisit d’assumer. Ty Venceslas, son père, était l’un des premiers instituteurs kanaks dans les années 1940-1945. Ce caractère avant-gardiste, son fils Jean-Marie en héritera. Dya, sa mère, fille de grand chef, qui est aussi une personnalité respectée de la région, aura fortement marqué Jean-Marie. Très tôt, ce dernier comprend que la culture constitue le socle sur lequel doit reposer le combat politique du peuple kanak.
Que chacun arrache de son cœur l’arbre de la discorde.
Nos ancêtres jetaient à l’eau l’arbre de deuil, nous le jetterons dans le feu.
Nous voulons que soit brûlée la haine, et que soit clair le chemin de notre avenir, et fraternel le cercle que nous ouvrons à tous les «peuples».
(5 décembre 1984)
Je voudrais vous lire un petit poème que j’ai rêvé dans la nuit :
Ô Kanaky, mon pays, mon pays !
Mon pays, je te salue.
Ton peuple souverain est fier.
Ton peuple issu des terres, des terres sacrées.
Uni aux ancêtres de toujours,
rassemblés par le même destin.
Le regard tourné vers l’avenir.
Pour proclamer face au monde,
face à l’histoire, ta souveraine liberté.
Ô Kanaky, mon pays ! Vive Kanaky !