Mission « Nickel » des élus UC en Indonésie

Déplacement en Indonésie d’une délégation institutionnelle et économique de la Nouvelle-Calédonie du 15 au 22 novembre 

3ème Conférence annuelle Asia Nickel

 Réunion en Indonésie

A l’occasion de la 3ème Conférence Asia Nickel, une délégation de représentants des institutions et des acteurs du secteur minier de la Nouvelle-Calédonie s’est rendue en Indonésie du 15 au 22 novembre. Cette délégation était conduite par M. Roch Wamytan, Président du congrès. Elle était composée du Vice-président du gouvernement, M. Gilbert Tyuienon, initiateur de cette mission, de représentants de la Province des Iles Loyauté, de la Société Le Nickel, de la Société des Mines Georges Montagnat, de la Société MKM (Maï Kouaoua Mines, Holding, Mai), de la direction de l’industrie, des mines et de l’énergie de la Nouvelle-Calédonie (DIMENC) et du service de la coopération régionale et des relations extérieures du gouvernement (SCRRE).
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Cette mission, tout à fait historique, avait pour objectif de permettre la fondation entre ces deux pays du grand arc mélanésien d’un dialogue institutionnel et politique légitimé par leur proximité géographique et leur culture commune.
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Ce déplacement s’inscrivait dans une démarche plus globale préconisée par le schéma de mise en valeur des richesses minières et consistant à nouer des relations bilatérales durables avec les principaux pays miniers de la grande région Pacifique.
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Ce déplacement devait permettre aux responsables politiques de la Nouvelle-Calédonie et aux représentants de son industrie du Nickel, de rencontrer leurs homologues Indonésiens afin d’échanger sur leurs visions stratégiques respectives du contexte actuel de dépression du secteur trouvant son origine dans la suroffre de minerais nickel consécutive à l’exportation massive et incontrôlée de nickel d’Indonésie vers la Chine. Il devait aussi permettre aux responsables politiques calédoniens présents de sensibiliser les autorités gouvernementales indonésiennes à cette réalité conjoncturelle et de s’informer sur les modalités d’application des dispositifs législatifs indonésiens en cours de définition destinés précisément à encadrer ces exportations de minerais de nickel.
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Au cours des deux premiers jours, les délégués se sont rendus sur le terrain. Certains d’entre eux sur le site de l’usine de production de nickel de l’entreprise PT ANTAM dans l’archipel de Sulawesi. Ils ont pu y découvrir une usine produisant 15.000 tonnes de nickel métal par an. Lors de ce déplacement, la délégation a pu constater l’importance considérable des stocks de nickel actuellement en instance d’exportation.
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L’autre partie de la délégation s’est rendue dans l’archipel des Iles Moluques. Elle a visité, à l’invitation du groupe Eramet, le site du projet d’usine Weda Bay nickel. Les délégués ont pu constater l’état d’avancement des préparatifs au lancement de l’éventuelle construction d’une usine de production de nickel par lixiviation atmosphérique, devant permettre de produire 30 000 tonnes puis 60.000 tonnes de nickel métal par an en deux phases. Par ailleurs, cette visite a permis aux représentants calédoniens d’observer le caractère massif et incontrôlé des exportations de nickel indonésien. Ils ont ainsi assisté au chargement simultané d’une dizaine de minéraliers de 60 000 tonnes de minerai, dans des conditions précaires, tant en termes de sécurité des personnels qu’en termes de préservation de l’environnement.
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Ces deux visites ont permis aux délégués d’appréhender très clairement le caractère éminemment mercantile de l’industrie du nickel et la réalité de ce que pouvait représenter la compétition économique internationale inhérente au secteur.


De retour à Jakarta, la délégation a été reçue le 18 novembre par M. H. M. Nurdin, Secrétaire général du Ministère du développement des régions défavorisées. Lors de cet entretien, M. Nurdin a présenté au président du congrès et au vice-président du gouvernement le plan directeur pour le développement économique de l’Indonésie 2011 – 2025 (Master plan 3EI) élaboré par le gouvernement Indonésien. M. Nurdin a insisté sur la déclinaison régionale de ce plan de développement. Ainsi, reconnaissant 6 corridors (zones) justifiant un traitement stratégique individuel, le Master plan identifie pour chaque corridor des secteurs d’activité à soutenir correspondant à des perspectives crédibles de développement. Il définit ensuite les besoins essentiels des populations tenant compte individuellement du niveau de développement de chaque corridor (éducation, infrastructures, transports, connectivité, santé, etc.).
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La délégation a ensuite été reçue par Mme Corinne Breuze, ambassadeur de France en Indonésie et au Timor oriental, puis au siège de la filiale d’Eramet en charge de conduire le projet Weda Bay nickel par M. Pierre Noyer, directeur général du projet.
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Du 19 au 20 novembre, les délégués ont participé à la 3ème conférence Asia Nickel. Ils ont ainsi assisté à de nombreuses présentations politiques et techniques toutes consacrées au secteur du nickel (programme en annexe).
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En marge de cette conférence, les représentants institutionnels ont rencontré M. Bambang Adi Winarso, Ministre adjoint coordinateur du pôle économique (équivalent d’un ministre d’Etat supervisant plusieurs portefeuilles ministériels, en l’espèce ceux de l’économie, de l’industrie, de l’énergie et des ressources minérales ainsi que celui des finances). Ils sont aussi rencontré M. Tharmin Sihite, Directeur général du ministère de l’énergie et des ressources minérales ainsi que M. Dede I. Suhendra, Directeur des entreprises minières au sein du même ministère.
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Messieurs Wamytan et Tyuienon ont, en outre, rencontré M. Bachrul Chairi, Directeur général du Ministère du commerce extérieur accompagné de son directeur des affaires européennes et de la coopération bilatérale, M. Jully P. Tambunan. Enfin, la délégation a été reçue au Ministère de l’Industrie par le Directeur général de la coopération internationale industrielle, M. Agus Tjahajana Wlrakusumah.
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Lors de ces entretiens de très haut niveau, à la fois conviviaux et amicaux mais aussi francs, directs et constructifs, les représentants des institutions calédoniennes ont systématiquement présenté à leurs interlocuteurs la situation du secteur du nickel en Nouvelle-Calédonie. Ils ont notamment insisté sur le poids très important pour l’économie calédonienne des activités qui découlent du secteur du nickel et sur les difficultés majeures que rencontre actuellement ce secteur en Nouvelle-Calédonie et dans le monde, du fait des exportations massives de minerais d’Indonésie.
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Rappelant qu’à elles seules, l’Indonésie et la Nouvelle-Calédonie représentaient 80 % des réserves mondiales de nickel, Messieurs Wamytan et Tyuienon ont salué la responsabilité du gouvernement Indonésien prenant la décision en 2009 de faire adopter la loi n° 4, qui contraint les exploitants à passer de l’exportation à la transformation locale des minerais dans les 5 ans.
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Sans détours, les deux hommes ont néanmoins sensibilisé les dirigeants indonésiens à l’importance que cette loi n°4 puisse être mise en œuvre le plus efficacement possible et sans tarder, quand bien même ce processus relevait en grande partie de la compétence du Parlement de Jakarta
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Sur ce thème, les interlocuteurs de la délégation calédonienne, ont fait preuve d’une réelle franchise. Ils ont rappelé que la Constitution Indonésienne édictait un principe selon lequel les ressources naturelles du pays devaient être, autant que possible, valorisées en Indonésie.
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Refusant de faire de la notion de  « ban » et donc de l’interdiction d’exportation l’axe central de cette réforme, ils ont néanmoins assuré la délégation de la Nouvelle-Calédonie que le gouvernement ferait tout ce que est en son pouvoir pour favoriser la valorisation du minerai en Indonésie en proposant au Parlement un dispositif équilibré contrôlant rigoureusement les exportations de nickel et ne cachant pas que le recours à un système de quotas serait certainement la voie choisie. Les représentants du gouvernement Indonésiens ont assuré qu’ils avaient conscience des répercutions sur l’économie calédonienne de cette réforme quelles que soient ses modalités de mise en œuvre.
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Ils ont précisé à la délégation que le Parlement jouerait un rôle central dans la construction du dispositif règlementaire de mise en œuvre de la loi n° 4. Ils ont néanmoins précisé qu’ils ne pourraient bien évidemment pas ignorer l’activité économique très importante induite aujourd’hui par les exportations résultant notamment de l’extraction des petits mineurs.
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Lors de leurs échanges, les délégués calédoniens ont par ailleurs très directement formulé le vœu que la Nouvelle-Calédonie, l’Indonésie et les Philippines puissent engager très rapidement une réflexion intergouvernementale sur la mise en œuvre d’un dispositif qui permettrait aux pays producteurs et exportateurs de nickel de mieux maitriser le marché du nickel, faisant référence aux précédents du pétrole. Sur ce point, les dirigeants indonésiens rencontrés ont manifesté leur vif intérêt, se disant prêt à ouvrir une telle discussion. Le directeur général du ministère du commerce extérieur a même suggéré  de prendre en modèle les expériences Indonésiennes dans les secteurs de l’étain et du caoutchouc. Il s’est engagé à transmettre aux services du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie les textes établissant ces dispositifs de régulations inter-gouvernementales.
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Le Président du Congrès a profité enfin de ces entretiens pour inviter ses interlocuteurs, et notamment le Ministre Winarso, à se rendre en Nouvelle-Calédonie aussi rapidement que possible afin de travailler au renforcement de la relation bilatérale et de se rendre compte sur le terrain du poids de l’industrie du nickel en Nouvelle-Calédonie.


Les échanges très constructifs de la délégation avec ses interlocuteurs Indonésiens ont permis de mieux comprendre la stratégie Indonésienne dans le secteur minier et précisément dans le domaine de l’industrie du nickel. Il a permis à la délégation d’informer et de s’informer. Il a incontestablement ouvert un dialogue politique entre les deux pays, offrant de très belles perspectives à la coopération entre la Nouvelle-Calédonie et l’Indonésie, notamment dans le secteur de l’industrie du nickel. Il semble évident que le gouvernement Indonésien a pris conscience, grâce à ces échanges, des répercussions de la mise en œuvre de la loi n° 4 de 2009 en la Nouvelle-Calédonie et dans le secteur du nickel en général.
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Il conviendra de suivre de très près le résultat des prochaines élections générales en Indonésie et de donner corps au plus vite au projet pragmatique et réaliste de création d’une organisation des pays producteurs et exportateurs de Nickel.


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